Les approches somatiques et les approches créatives du mouvement sont les deux pôles d’une recherche constante de ré-appropriation de soi-même. Dans un désir de vivre profondément le mouvement, les deux approches se nourrissent et se complètent mutuellement. Toutes deux s’enracinent dans l’écoute des sensations, du souffle, des appuis et tout ce que cela peut éveiller d’images et de souvenirs. Il y a dans ces deux approches un désir d’être à l’écoute du moment présent, sans jugement, un désir d’ouverture à l’expérience de soi continuellement renouvelée, nuancée. L’esprit de non-performance qui les caractérise permet d’explorer le mouvement dans le confort et le respect de ses limites tout en explorant la richesse du mouvement au-delà d’un style imposé ou convenu d’avance. Le mouvement vécu de l’intérieur et ce qu’il suscite en nous est plus important que l’image projetée à l’extérieur. C’est souvent dans le « lâcher-prise » sur l’image extérieure que le mouvement devient particulièrement expressif et touchant. Reflet de l’instant présent, il est alors le miroir de notre monde intérieur et la résonance parfois subtile à ce qui nous entoure.
La lenteur des mouvements en éducation somatique permet de prendre conscience de nuances subtiles dans les sensations. La qualité de la respiration, le niveau d’abandon du poids sur les différents points d’appui, le degré de confort ou d’inconfort, etc. Tout devient des indices permettant peu à peu d’affiner notre perception et de trouver les chemins d’un mouvement vécu de l’intérieur, plus juste, plus fluide, plus naturel et source de plaisir plutôt que de fatigue.